Solitude et dissection de morts-vivants … [Largon]

John s’ennuyait ferme et ça se lisait sur son visage. Cela faisait 8 heures qu’il longeait la plage à la recherche de cette « ville » où vivrait un groupe de survivants. Le temps qu’il avait passé à chercher ce genre de « refuge » était considérable et il avait pris la décision d’arrêter de suivre ce type de chimère si une fois encore il faisait chou-blanc. La journée arrivait à son terme et toujours aucune trace de civilisation existante. Exaspéré, il stoppa sa vielle Z12 sur une digue solide et s’allongea dans le sable, son .357 sous le coude et observa le magnifique coucher de soleil sans ses verres de protection en faisant son bilan de la journée :

*Voilà 3 jours que je cherche cette fichue ville, et ça commence sérieusement à me gonfler ... Vivement que je constate l’inéluctable révélation que cette ville était une légende et que je quitte ce trou paumé …*

C’est alors que le dernier rayon de soleil disparut à l’horizon, une lueur apparut alors dans le dos de John. Il se retourna et aperçut ce qu’il recherchait si intensément : La fameuse ville, plus facilement visible de nuit car dissimulée par la forêt environnante. Soulagé, John s’affaissa encore plus et décida que cette plage lui servirait de camp de base en attendant de savoir si la ville était toujours « Vierge » de toute présence « Mort-Vivante ». Il ferma les yeux et imagina la paradisiaque ville et ses habitants, aussi charmant et poli qu’ils auraient pu l’être avant le « Crash ». Il fût ramené à la réalité par un hurlement rauque qui provenait de sa gauche. Il ouvrit les yeux et aperçut à environ 150 mètres une forme qui semblait vouloir se précipiter à toute vitesse vers lui mais qui semblait entravée par ses chaussures, ce qui étonna grandement John, qui dit tout haut pour lui-même :

« Des zombies en Vans … On aura vraiment tout vu .... »

Il se releva et attrapa son arme de point et mit la tête du zombie en joue. Il ferma un œil et se concentra sur la forme qui se précipitait vers lui. Il pressa la détente et la balle fusa à toute vitesse vers lui pour lui perforer la boite crânienne et littéralement liquéfier son cerveau avec le frottement. John, satisfait de sa performance, se permit un commentaire personnel tout à fait objectif :

« En plein dans le mille ! Je suis trop bon ou bien c’est lui qui a fait exprès de se mettre dans la trajectoire ?»

Il rengaina et sortit deux petites boites en métal de sa poche de pantalon. De la première, il sortit un paquet de cigares cubains, un coupe-cigare en argent avec une trace de sang séché sur les lames et une boite d’allumettes waterproof, de laquelle il prit un long cigare dont il coupa l’extrémité avec finesse puis une allumette qu’il gratta sur sa ceinture en Kevlar pour allumer son cigare. Il tira une longue bouffée et ouvrit la seconde boite en métal, dans laquelle se trouvait un petit carnet de note et un petit stylo en nacre couvert de taches de solvant et de traces rouges suspectes sur la pointe. Il ajouta une barre à coté de nombreuses autres à la dernière page où il avait écrit. Il referma la boite contenant le carnet après l’avoir préalablement replacé dans ladite boite avec le stylo. Il souffla alors un long jet de fumée de son cigare et se dirigea vers sa moto quand une silhouette se mit à courir vers lui en venant de la même direction que le zombie d’avant. Il se retourna et ressortit son .357 pour mettre en joue son agresseur lorsqu’il remarqua que la forme était elle-même poursuivie par des créatures à l’apparence humanoïde mais qui se déplaçaient avec difficulté. John fît immédiatement le rapprochement :

*Un survivant ! C’est une chance inespérée, cette personne va peut-être m’éviter 5 jours d’exploration inutiles !*

Il rengaina son arme et enfourcha sa moto en se saisissant du P90 qui se trouvait dans le holster de la Z12. Il démarra et prit une accélération monstrueuse en fonçant droit sur le groupe de zombies affamés qui poursuivaient le malheureux survivant qui courait tant bien que mal pour leur échapper.

" La peste soit de cette météorite ! "

Les mots m’avaient échappés et je n’avais rien fais pour tenter de les retenir, trop énervé pour cela. La raison de ma colère avait la forme d’un loup de la taille d’un veau et au moins le même poids. Et comme tous les zombies, il était affamé et réclamais le sang d’un innocent. Mais le soucis avec moi, c’est que j’étais tout sauf innocent…
Je me baissais légèrement et lentement, prenais les deux cobras dépassant de mes épaules, les yeux plantés dans ceux de la bête, tournant dans cette petite clairière à proximité de la lisière, jaugeant mon ennemi du regard bien que lui ne voie pas mes yeux à cause de mon armure. Nous grognions à l’unisson, respirions du même souffle, avions le même regard assoiffé de ce liquide qui crée la vie. Ce dernier point nous rapprochait en nous séparant : nous voulions goûter le sang de l’autre, mais pour des raisons différentes.

Ce fut cet appel, semblable à un son de cloche, qui commença ce combat à mort. Mes jambes se contractèrent et, dans une puissante impulsion, je me jetais contre mon adversaire, mes piolets en avant. Le choc fut rude et il nous fit chanceler tous deux. A peine remis de ce contact, nous nous jetions à nouveau l’un contre l’autre et cette fois, je glissais dans la poussière, mon pied ayant perdu son adhérence au sol. Le loup me tombait dessus et je ne pus que croiser mes armes pour me protéger. Alors qu’il m’entaillait l’épaule, je lui ouvrais à moitié la gorge en hurlant, brisant la colonne vertébrale. La tête pendant au bout du peu de chair qui la retenait au reste du corps, la créature continuait à bouger. Dans un cri de rage, je prenais la tête du monstre et tirais de toute mes forces. Dans un bruit épouvantable, la chair se déchira et la tête partit loin du corps, désormais hors d'état de nuire.

Écrasé par son poids, je me dégageais, le repoussant du pied. J’arrachais les attaches qui retenaient mon masque et prenais une inspiration, comme un plongeur remontant à la surface. Je restais là, couché dans la poussière et le sang pendant quelques minutes avant de me relever, ignorant le picotement à mon épaule et ceux dans mon dos causée par mon Xm8, coincé entre mon sac et mon dos. M’approchant du loup, je me mis à espérer qu’il était encore en vie, qu’il allait se relever pour que je puisse continuer cet affrontement plus que jouissif qui me rappelait ces combats épiques décrits dans les livres que je lisais avant.

« Avant… »

Je secouais la tête, chassant un mauvais rêve. Avant n’existais plus, et demain était un terme vague sur lequel il ne fallait pas trop compter.
J’entrepris de retirer mes armes de la gorge de la bête avant de les essuyer sur son pelage. Puis j’enfouis ma tête dans la blessure, buvant le sang qui en coulait, fière et un peu respectueux vis à vis de la force de la nature que je venais de vaincre.
Quelques minutes plus tard, j’entrepris de remplir un sac plastique de viande, histoire de tenir quelques jours. Je vidais ensuite une bouteille d’eau de mer remplie quelques heures plus tôt, le sel étant un bon conservateur.

Mes provisions sur mon dos, je repartis, marchant tranquillement vers la mer. Il y avait un petit village pas très loin d’ici, je savais qu’il y avait de l’alcool et bien d’autres choses à foison. Il y avait peu de zombies aussi, je pourrais me reposer un peu.
A quelques mètres de la lisière, j’entendis une détonation et me baissais instinctivement. Mes sens en alertes, je sentis un corps tomber et regardais dans la direction. Un homme massif à coté d’une moto venait de transformer la cervelle d’un zombie en puzzle. Cet homme était un vrai, sans le connaître, je l’appréciais déjà. Je me relevais et attendais quelques instant pour avancer vers lui, alors qu’il remontait sur sa moto.

Soudain, je sentis un autre mouvement et prenais d’un geste expert mon Xm8, déjà en joue sur la cible que je n’avais pas encore vue. Un homme poursuivi par des zombies apparemment. Je tirais trois balles qui virent se loger dans la tête des monstres mais ma quatrième ne toucha que l’épaule du dernier. Je rangeais mon arme dans mon dos avant de courir vers ma cible et de lui broyer l’encéphale de ma chaussure.
J’examinais pour finir l’homme, tombé à terre, à moitié dans l’eau, tremblant à la vue de cette macabre exécution qui lui avait sauvée la vie. Avec horreur, je découvris une série de morsure sur son abdomen et ses épaules. Je sortais lentement un de mes piolets, doucement, comme pour ne pas l’effrayer.

« Il n’y a pas d’autre solution, tu le sais bien, laisse toi faire, et tu ne souffriras pas. Et en plus, tu sauveras des gens. Un vrai héros de la nation ! »

Et je me mis à rire de ma mauvaise blague. Puis lentement, je levais mon arme « salvatrice » au dessus de moi, sinistre pic tourné vers ma future victime tétanisée. La lune s’y refléta quelques seconde avant que je commence ma descente exécutrice.

John s’apprêta à abattre les 4 zombies quand un tir rapide transperçât 3 des têtes de morts-vivants et l'épaule du 4ième. Il voulu achever le dernier mais une silhouette agile bondit d'un buisson et écrabouilla le zombie avant de se diriger vers le survivant et de lui chuchoter à l'oreille.

*J'espère qu'il va bien, ça ferait chier de le traîner jusqu'à un endroit à l'abri ...*

Avant d'aller au bout de sa pensée, John vit l'inconnu plonger sans un regret son piolet d'escalade dans la carotide du survivant avant de remonter jusqu'à la jugulaire pou le vider de son sang.

*Joli coup ! Euh ... Mais qu'est-ce que je raconte moi, je vais encore en avoir pour 3 plombes avec l'exploration !*

Il roula jusqu'à l'inconnu et le héla :

"Hep ! Vous là ! Ouais le type avec le casque qui a un sacré coup de piolet ! Z'auriez pu attendre que je le questionne avant de le vider de son sang ! je vais devoir me coltartiner les coins et recoins de la ville pour savoir si c'est habitable !"

John était plutôt remonté mais croiser un être d'apparence vivante qui n'essaie pas de vous ouvrir le thorax pour se nourrir de vos organes vitaux et accessoirement, qui n’essaie pas de faire de vous un membre de sa très nombreuse famille, c'est agréable. Il se ravisa et dit à son interlocuteur :

"Enfin, ça fait plaisir de rencontrer quelqu'un d'humain et d'à peu près civilisé dans cet enfer."

Il tenta de dévisager cet homme, sans succès. Son masque teinté ne permettait pas d'observer son visage. Intrigué, il observa le cadavre fraîchement égorgé et remarqua les multiples morsures et les débuts de nécroses qui parsemaient l’abdomen et les épaules de celui-ci. Si il n'était pas intervenu, le type se serait transformé durant la nuit et l'aurait surement grignoté petit à petit jusqu'au réveil. Il décida de remercier l'homme masqué malgré le fait que remercier ne fasse pas partie de ses habitudes :

"Hem ... Je tiens à te remercier ... ça ne te dérange pas que je te tutoie ? Bref, sans toi j'aurais pu mourir alors ... merci beaucoup de m'avoir aidé."

Sa démarche était franche et directe au moins. Mais serait-il plus agressif qu'il n'y paraît, ou alors plus agréable à vivre ? John était sceptique, mais un homme qui lutte dans ce monde doit forcément être bon, ou du moins, être doté d'une conscience ...

hors rp : désolé, mais j'ai pas trop d'inspiration là ^^

L'homme à la moto n'avait même pas esquissé un geste pour protéger ma victime. Je plantais mon arme dans son cœur, me faisant éclabousser par le sang qui gicla de la plaie. Me relevant, j'observais en détail l'homme, cherchant avant tout à détecter une trace de morsure, on était jamais trop prudent... Mais rien, pas la moindre égratignure. Il était massif et paraissait savoir se servir de ses armes.

C'est à ce moment là qu'il m'interpella, me demandant pourquoi je n'avais pas demandé à l'homme que j'avais tué si la ville était habitée. Je mis un moment avant de me décider à répondre mais je me fit devancer.

"Enfin, ça fait plaisir de rencontrer quelqu'un d'humain et d'à peu près civilisé dans cet enfer."

Je hochais légèrement la tête, apparemment pas assez pour que ce geste soit considéré comme une réponse. Je trempais donc mon piolet dans l'eau pour le nettoyer, attendant la suite. Cet homme semblait troublé

"Hem ... Je tiens à te remercier ... ça ne te dérange pas que je te tutoie ? Bref, sans toi j'aurais pu mourir alors ... merci beaucoup de m'avoir aidé."

Je rengainais mon arme d'un geste souple et ample, ce qui eu pour effet de faire remuer ma récente plaie à l'épaule. Je l'avais complètement oubliée, obnubilé par l'action. Il fallait que je fasse quelque chose pour arrêter l'hémorragie. Je me déplaçais légèrement, et me baissais pour arracher la chemise d'un des cadavres. Puis, je défis avec précaution les attaches de mon casque et le retirais presque à regret. Le vent souffla dans mes dreadlocks, les faisant flotter dans la brise nocturne.

Vint la partie douloureuse. Je posais mon casque à terre et commençais à retirer le haut de mon armure. Histoire de ne pas paraître hostile, je désignais la moto de l'inconnu d'un coup de tête et lançais entre deux grognements de douleurs:

Belle machine, c'est rare d'en voir circuler ces temps ci. Elle a l'air en bon état.

Maintenant torse nu, je m'accroupis et, les chevilles dans l'eau, je me mis à arroser ma plaie avec de l'eau de mer, grognant et serrant les dents lorsque l'eau salée se mit à me brûler. Mais je savais deux choses grâce à cela: je vivais encore et la plaie était désinfectée.

Je relevant, légèrement tremblant, j'enroulais le morceau de chemise autour de mon épaule pour panser la plaie. Enfin, je remis mon armure et, le casque sous le bras, me tournais vers l'étranger.

"Tu parlais de ville, celle-ci vit encore mais il y a des zombies un peu partout... Si tu veux y aller, pas de problème mais regarde"

Je me tournais vers la foret et montrais à mon interlocuteur les nuages qui avançaient au loin.

"La pluie ne va pas tarder à tomber, on aura pas le temps de rejoindre la ville, même avec ta moto. Par contre il y a un petit village pas loin avec de l'alcool et plein d'autres choses amusantes si tu vois ce que je veux dire. Avec un moteur pareil sous ta machine, on y est dans quelques minutes et on ne se trempe pas. Tu me raconteras ton histoire étranger."

L’homme qui faisait face à John se dirigea vers l’un des cadavres et arracha un lambeau de chemise de l’un d’eux. Il se décida à se découvrir. D’épais dreadlocks surmontaient la tête de celui-ci. Il retira son armure en grommelant avant de désigner la Z12 d’un geste de la tête et de lancer :

« Belle machine, c'est rare d'en voir circuler ces temps ci. Elle a l'air en bon état. »

La tension ambiante étant tombée, John prit un air plus détendu et commenta d’un air désinvolte :

« Ouais, je l’ai tiré à un bourge qui vivait à San Antonio. Le type en avait plus trop l’utilité avec un parasol planté dans la carotide … »

L’homme se dirigea vers le bord de l’eau et arrosa sa plaie avec de l’eau de mer pour la nettoyer. John se permit de le mettre en garde :

« L’eau de cet océan est très polluée, même si c’était un bon réflex. Je pourrais désinfecter cette plaie et te recoudre si nous trouvons un endroit sec et abrité.»

Il se releva en tremblant et se banda le bras avec le lambeau de tissu.

*Je suppose que ça doit être un refus ...*

L’homme se tourna vers lui après avoir remit son armure et lui dit :

"Tu parlais de ville, celle-ci vit encore mais il y a des zombies un peu partout... Si tu veux y aller, pas de problème mais regarde"

Il pointa le ciel et lui montra les nuages noirs de geais qui approchaient à grande vitesse. Il ajouta avec conviction :

"La pluie ne va pas tarder à tomber, on aura pas le temps de rejoindre la ville, même avec ta moto. Par contre il y a un petit village pas loin avec de l'alcool et plein d'autres choses amusantes si tu vois ce que je veux dire. Avec un moteur pareil sous ta machine, on y est dans quelques minutes et on ne se trempe pas. Tu me raconteras ton histoire étranger."

La proposition semblait honnête et John était content de pouvoir dormir dans un endroit sécurisé. Il opina :

« Ok, ça me va ! Au fait, je m’appelle John, enchanté. »

Il tendit la main à son interlocuteur. L’homme répondit simplement en serrant la main tendue :

« Largon. »

Ils se dirigèrent vers la moto. John rangea le P90 dans le holster et mit le contact. Largon enfila son casque et enfourcha la Z12. John retira ses verres et demanda en les rangeant :

« Vous avez de l’huile de vidange dans votre village ? Je dois faire la révision des 10 000 km. »

Il démarra en trombe avant de ralentir et de demander d’un air pataud :

« Euh … C’est de quel côté ? »

Ces présentations faites, j'enfilais mon casque et grimpais à l'arrière de la moto. John se tourna vers moi

« Vous avez de l’huile de vidange dans votre village ? Je dois faire la révision des 10 000 km. »
"Ouaip! Ya un garage, vide depuis que j'ai dérouillé le proprio à coup de clé anglaise. Tu y trouvera ce que tu veux"

John démarra en trombe pour s'arrêter quelques mètres plus loin. Il se tourna vers moi, l'air penaud:

« Euh … C’est de quel côté ? »

J'éclatais de rire, tellement secoué que je finis par tomber du siège. Je me relevais et lui répondais entre deux crises de rire:
"Oui oui c'est par là, je te l'aurais dit sinon!"

Riant encore, je remontais sur la machine et nous partîmes, nous dirigeant vers le village. Alors que j'indiquais à John où se trouvais l'ancienne boite de nuit, les premières gouttes nous tombèrent dessus. La moto mise en lieu sûr et abrité, nous courûmes faire de même. Entrés dans la boite dans la pénombre, je boostais ma capacité à sentir les mouvements d'êtres vivants. Par précaution, je prenais mon Xm8 et commençais à avancer sans vraiment me soucier de John. J'avançais prudemment jusqu'à la salle qui contenais le groupe électrogène. Je l'activais et la lumière fut. Un musique démarra et je courus baisser le volume pour ne pas attirer de zombies. Pour finir, je prenais un chariot, vidais un frigo de bière et d'alcool en tous genres dedans et prenais une boite à sucre en fer blanc sous le comptoir. Poussant le tout avec un peu de mal à cause de mon épaule, j'emportais le chariot près d'une table entourée de poufs et de canapés. Je m'y affalais et prenais la boite et retirais mon casque. Je lançais un sourire à John.

"ya pas que du sucre dedans... Tu parlais de me recoudre la plaie, d'accord mais avant, je m'anesthésie aux herbes magiques"
Cela dit, je commencais à rouler un joint assez grand, confectionnais le carton pour le filtre et roulais le tout. Une allumette fut craquée et j'inspirais la fumée porteuse de rêves. Après avoir emplis mes poumons plusieurs fois, je gardais la dernière en bouche. Les effets apparaisent. Je tendais le joint à John.

"Depuis tout ce temps, je me demande si elle est pas encore meilleure. Ah merde!"

Avisant la porte ouverte, je me levais, la verrouillais et la bloquais avant de retourner m'asseoir.

Largon tendit amicalement le joint ver John en disant :

"Tu parlais de me recoudre la plaie, d'accord mais avant, je m'anesthésie aux herbes magiques."

John attrapa le bédo et tira le bout de sa langue. Il prit une profonde inspiration et écrasa le côté flamboyant sur l'extrémité de sa langue. Puis il le posa sur le cendrier de la table. Il toussa un peu et dit d'un air contrit :

"Merci mais, jamais pendant le travail. D'ailleurs, tu n'échappera pas à la piqure avec un joint, même si c'est assez puissant comme tranquillisant."

Il tira à lui son sac où se trouvait son attirail de chirurgie. Il sortit un flacon de morphine, une bobine de fil chirurgical, une boite à scalpels stérilisés et une grande bouteille où macérait un crapaud-buffle. Largon se leva soudain après avoir lentement expiré une bouffée du bédo et se dirigea vers la porte ouverte en grommelant :

"Depuis tout ce temps, je me demande si elle est pas encore meilleure. Ah merde!"

Il ferma la porte et revînt s'asseoir à côté du médecin. Celui-ci avait posé sur la table une seringue de morphine et dit avec un sourire mauvais :

"Méthode douce ?"

Il indiqua d'un hochement de tête la seringue qui trônait majestueusement sur la table d'opération improvisée. Puis ajouta :

"Ou méthode forte ?"

Il fût alors prit de soubresauts et d'un tic nerveux au niveau de la paupière droite. Il attrapa précipitamment la boite à cigare dans son sac et en sortit un long tube de métal sur lequel était marqué "WARNING ! Cryogenic conservator tube !" dans lequel se trouvait une seringue en verre fin. Il ouvrit la boite stérilisée et en sortit une aiguille de 33 cm qu'il fixa précipitamment sur la seringue. Il n'hésita pas une seconde et se l'enfonça directement dans le cœur en pressant le haut. Après un long râle de soulagement, il se releva et se mit à respirer fort comme pour chasser quelque chose de ses poumons. Puis il répondit au regard interrogateur de Largon :

"Athropine. J'ai été exposé à une valve de gaz Sarin à Tijuana et mes poumons n'ont pas totalement éliminé les résidus."

Il se rassit à côté de Largon et le questionna à nouveau :

"Alors ?"

Le dénommé John avait l'air plus que compétent, la preuve, il ne tira pas su le joint et commença à sortir ses instruments pour me remettre d'aplomb. Puis vint la question cruciale qui me fit sourire alors qu'il sortait un seringue:

"Méthode douce ? Ou méthode forte ?"

Je me mis à sourire et commençais à enlever le haut de mon armure:

"Tu demandes ca à un homme qui a à peine grogné lorsqu'il s'est fait la blessure que tu t'apprête à recoudre, n'ai pas peur pour moi, j'en ai vu d'autres"

Alors que je posais mon coude sur la table, John eut un comportement étrange et fouilla précipitamment dans son sac. N'étant pas sûr de la suite, je me saisissais me mon Xm8 et le pointais sur l'homme en face de moi, qui était en train de s'enfoncer une aiguille énorme dans le thorax, passant entre deux côtes. Voyant qu'il paraissait se calmer, je reposais mon arme et l'interrogeais du regard. Il me répondit comme si c'était normal:

"Athropine. J'ai été exposé à une valve de gaz Sarin à Tijuana et mes poumons n'ont pas totalement éliminé les résidus."

"Et tu t'enfonce une aiguille dans le coeur, sans faire gaffe aux ventricules ni rien? Décidément, je suis pas le seul fou de la région..."

Je reprenais le bédo posé sur le cendrier et me tournais vers John.

"Quand tu veux"

Largon, étonné de ce qui venait de se passer dit d’un air fort étonné :

"Et tu t'enfonce une aiguille dans le coeur, sans faire gaffe aux ventricules ni rien? Décidément, je suis pas le seul fou de la région..."

John répondit avec un rictus :

« Quand il s’agit du corps humain, j’ai une certaine expérience en matière d’anatomie … »

Il se saisi alors de la bouteille contenant l’amphibien, imbiba un coton de nettoyage avec le liquide qu’il contenait et dit avec humour :

« Attention ! Ça risque de piquer un peu … »

Il posa alors le coton sans ménagement sur la plaie béante. Le teint pâlot et le sourire goguenard de Largon laissèrent place à une teinte bordeaux et une violente crispation due à la douleur intense que le « désinfectant » avait provoquée. John eu du mal à se retenir de pouffer avant de dire avec difficulté :

« Fabrication Guatémaltèque … ça tue les cellules grises, c’est aussi très bien pour déboucher la fosse septique, et en plus, c’est délicieux avec une rondelle de Mangue … »

Il fit couler un mince filet dans son gosier pendant 10 secondes avant d’avaler d’une traite. Il ajouta avec un hoquet :

« Mais … Heps … Faut pas y garder trop longtemps sur le bout de la langue sinon c’est un coup à perdre le sens du goût … »

John attrapa ensuite une aiguille et du fil chirurgical et commença sa broderie d’hôpital et commentant de manière évasive :

« Après ça, te faire recoudre à vif devrait être une promenade de santé … »

Il rit à sa propre blague et s’attela à refermer la blessure avec une précision d’orfèvre. Une fois les points de suture terminés, il commenta en bon médecin :

« En tout cas, tu auras une sacrée cicatrice, ça c’est une certitude … »

La douleur vint rapidement mais je me forçais à ne rien dire. Toutefois, je sentais cette aiguille qui me perçait et je devais tout faire pour ne pas bouger mon bras droit. Un grognement s'échappa de mes lèvres et je me mis à trembler pendant quelques secondes. John tentais de meubler une conversation, probablement pour que je pense à autre chose mais rien n'y fit, je sentait le fil tirer sur ma plaie et les lèvres de celles-ci bouger. enfin, en un coup sec, elle se ferma et je me mis à crier de douleur. John réussit à couvrir mon hurlement.

« En tout cas, tu auras une sacrée cicatrice, ça c’est une certitude … »

Je me relevais brusquement, rappelé par un brusque retour d'instinct. Ma vue se rétrécie au visage de mon soigneur et une terrible envie de meurtre me prit. Je réussis à me contrôler de justesse et d'un brusque coup de poing, frappais cette tête dont le seul tort avait été celui de refermer une de mes plaies et dons de me sauver à long terme.
John bascula en arrière, emportant le fauteuil dans lequel il était assis. Je m'asseyais, légèrement troublé, un peu confus. Ma seul occupation fut d'observer les points de sutures. Malgré tout ce qu'on aurait put croire, ils étaient parfaits et permettraient une cicatrisation rapide et nette. Je me redressais un peu et me tournais vers John vu que j'étais à présent calmé:

"Désolé mais c'était pas très agréable... Et t'avouera que c'est quand même mieux que d'être mort. Aller, pour me faire pardonner, je t'en roule un qui te sera exclusif"

Je m'emparais de la "boite à sucre" et de ma veste et enfilais la seconde avant de m'occuper de la première. Je fit un énorme de joint de royal à John. Dès qu'il fut fini, je lui tendu avec un sourire.

"Et voila de quoi te remettre! Bienvenue à la maison"

Largon n’avait pas apprécié d’être recousu à vif et ne put réprimer un coup de poing rageur en plein dans la mâchoire. John fut surprit et tomba à la renverse. Largon s’excusa maladroitement mais avec sincérité :

"Désolé mais c'était pas très agréable... Et t'avouera que c'est quand même mieux que d'être mort. Aller, pour me faire pardonner, je t'en roule un qui te sera exclusif"

Il attrapa sa boite et prépara un pèt’ bien chargé et l’alluma avant de le tendre en signe de réconciliation :

"Et voila de quoi te remettre! Bienvenue à la maison"

Le doc se releva tant bien que mal et se rassit sur sa chaise en se massant la mâchoire puis prit le joint tendu par son compagnon et tira une longue bouffée avant de dire :

« La vache ! T’as une sacrée droite ! J’en ai encore mal à la mâchoire ! »

Il attrapa son sac et farfouilla dedans puis en sortit quelques flacons vides de tailles diverses avant de pousser un soupir et de les remettre à leur place. Il s’avachit dans le siège et rendit le joint puis dit en soupirant :

« Merde, j’ai presque plus d’Ether … Y aurait pas un hôpital dans le coin ? »

Il se regarda dans une des vitres et remarqua que son menton était décalé sur la gauche. John soupira et saisie sa mâchoire qu’il remit en place d’un coup en grommelant. La lumière étant tamisée, il décida de retirer ses lunettes. Il offrit donc à Largon un spectacle unique : ses yeux gris-violet de l’apaisement. Ayant remarqué le regard quelque peu interrogateur de son ami, il dit d’un air vague :

« C’est une longue histoire … Et me sort pas que t’aime les longues histoires parce que t’es russe sinon je te raconte rien ! »